Auteurs de la BD El Boxeador, Prix Bulles de sport 2019
Après
l'annonce du Prix Bulles de sport 2019, nous avons
demandé aux auteurs de bien vouloir nous en dire un peu plus sur
cette BD et sur leur passion du 9e art en général. Les auteurs
Ruben del Rincon et Manolo Carot ont été très enthousiastes et
nous ont instantanément répondu avec beaucoup de respect et de
gentillesse.
Bulles
de Sport : Votre album El Boxeador
(aux éditions du Long Bec) vient de gagner le Prix
Bulles de Sport 2019, récompensant la meilleure BD de sport de
l’année. Que vous inspire cette récompense ?
Ruben
Del Rincon : Elle m'inspire beaucoup de remerciements
[sic], parce que ça veut dire que notre message, notre intention
avec ce livre, on est arrivé à le communiquer aux lecteurs. On a
travaillé dur depuis le début avec cette BD, cela a été un combat
sans arrêt pour qu'elle existe… Alors il y a une part de
récompense qui est juste un soulagement pour être arrivés
jusqu'ici.
Manolo Carot : C’est une excellente nouvelle, un prix incroyable. Cet album est tellement personnel… Nous y avons mis beaucoup de nous-mêmes. Alors oui les récompenses sont deux fois plus appréciées.
Manolo Carot : C’est une excellente nouvelle, un prix incroyable. Cet album est tellement personnel… Nous y avons mis beaucoup de nous-mêmes. Alors oui les récompenses sont deux fois plus appréciées.
BDS
: Pouvez-vous raconter ce projet original d’écriture d’El
Boxeador ? Comment est née l’idée de l’album double-face ?
RdR
: Manolo (Carot, le co-auteur, N.D.L.R.) et moi faisions des sports
de contact à l'époque, et on a souvent discuté de nos expériences.
Un jour après un entraînement de boxe, j'ai eu très envie de faire
une BD sur la boxe. Je me suis souvenu que Manolo avait travaillé un
projet sur un boxeur des années 20, je crois, qui n'avait pas
marché… Et du coup comme on avait travaillé déjà ensemble dans
un autre BD, l'idée d'en faire une ensemble sur la boxe m'a
vachement [sic] motivé ! Du coup, je l'ai appelé en rentrant de la
salle de sports, et il a répondu : « super ». Déjà
de ce premier appel on avait deux auteurs, deux boxeurs, deux côtes
du livre ! Et a partir de là, on a travaillé cette dualité au
maximum.
MC : La genèse, c’était l’idée de travailler ensemble, de créer une histoire qui demande le même effort, le même investissement à chacun d’entre nous, un espace pour s’impliquer au même niveau et créer quelque chose à partir de l’illusion d’un enfant.
MC : La genèse, c’était l’idée de travailler ensemble, de créer une histoire qui demande le même effort, le même investissement à chacun d’entre nous, un espace pour s’impliquer au même niveau et créer quelque chose à partir de l’illusion d’un enfant.
BDS :
Quelles étaient vos influences pour écrire El Boxeador ? Films, BD,
romans...
RdR
: Plutôt les vrais combats de Boxe et les réelles
histoires de boxeurs. Un peu aussi les récits comme Le
Bifteck de Jack London, et inconsciemment
certainement, les films qu'on connaît tous, même si on a essayé
d'y échapper. Pour le dessin, l'idée première était de pas trop
réfléchir, de se lâcher… De faire confiance à nos 15 ans
d'auteurs professionnels.
MC :
Pour moi, le travail du managaka (auteur de manga) Taiyo Matsumoto a
été particulièrement important et notamment sa série Le Samouraï
bambou. J'ai été très impressionné par la déconstruction/la
déformation des pensées, l'expressivité, la substitution de la
forme contre les sentiments.
BDS
: Quelles sont vos BD de sports préférées ?
RdR :
Pour
moi, je ne sais pas si on peut la considérer comme une BD de sport,
mais j'aime bien Max Winson de Jérémie Moreau*.
MC :
Touch (connu en France sous le titre de Théo ou la Battle de la
victoire) de Mitsuru Adachi. C'est l'un de mes livres préférés de
tous les temps et dans tous les styles. Le sport y est un prétexte
pour le déroulement du drame.
BDS
: En tant que fan de sport, et de boxe en particulier, avez vous des
idoles, des modèles sportifs ?
RdR :
Moi j'ai pas trop d'idoles sportifs en particulier. J'admire les
figures mythiques du sport comme tout le monde, des gens qui nous
font rêver avec leur talent, leur génie, et leur beauté plastique…
MC :
Beaucoup d'entre eux. Panama Al Brown, mais plus pour son histoire
personnelle dramatique. J'adore les frères Klitschko, Manny
Pacquiao, Suger Ray Leonard, Thomas «Le Cobra » Hearns.
BDS : Est-ce que vous envisagez de travailler de nouveau sur une thématique sportive ?
RdR :
Pourquoi pas ? Pour l'instant on est plutôt engagés avec des
histoires qui nous font rêver, mais toujours sans un cadre
spécifique. L'histoire demande ses propres cadres, entre des idées
de fond et une dynamique intérieur.
MC : Je ne sais pas. Si une idée amusante, nous vient à l’esprit…pourquoi pas !
MC : Je ne sais pas. Si une idée amusante, nous vient à l’esprit…pourquoi pas !
BDS : Vous êtes avant tout un dessinateur, comment choisissez-vous vos collaborateurs, scénaristes ?
RdR
: Bon, ça c'est pas correct [sic], Manolo et moi sommes d'abord et
depuis toujours des auteurs plutôt que dessinateurs. On a commencé
avec nos propres scénarios dans le même magazine pendant des
années. On a continue comme ça toute notre carrière, des fois avec
nos scénarios, et des fois au dessin de certains albums. Quand j'ai
travaillé avec Morvan, c'est lui qui m'a appelé par exemple. Dans
le journal de Spirou, Fred Niffle m'a proposé de travaillé avec
Marie Gloris.
Par
contre pour les Insoumises**, par exemple, je suis co-créateur
du projet, des personnages, et du scénario, mais je ne suis pas
engagé dans le dessin. Dans El Boxeador c'est pareil, sauf
que le dessin est partagé avec Manolo, et la personnalité des deux
personnages a été écrite et affiné par son dessinateur.
Dans Cachemire** c'est moi qui écris et dessine, qui
colorise (aidé par mon frêre également). Dans L'Ombre de
l'Aigle**, même chose, dans les deux tomes
de Nassao*** également. Pour Max** c'est la
seule fois que c'est moi qui choisis d'être scénariste, je venais
de connaître Salva (le scénariste : N.D.L.R.) quelques mois
avant… Dans ce rendez-vous il m'avait transmis beaucoup de
confiance et professionnalisme… Alors j'ai pensé a lui directement
quand j'ai décidé pas scénariser le spin off de Max (Je faisais
déjà El Boxeador et Insoumises)... On ne se connaissait pas
beaucoup, et maintenant on est très bons amis, grâce à Max!
MC : J’essaie toujours de travailler à ma façon, avec mes propres idées. La réalisation d’une bande dessinée, c’est un travail de longue haleine, alors j’ai besoin de m’approprier l’œuvre, de quelque chose qui m’appartienne dans un sens.
MC : J’essaie toujours de travailler à ma façon, avec mes propres idées. La réalisation d’une bande dessinée, c’est un travail de longue haleine, alors j’ai besoin de m’approprier l’œuvre, de quelque chose qui m’appartienne dans un sens.
BDS : Voyez-vous des différences entre les lecteurs de BD en Espagne et en France ?
RdR
: La principale différence est que en France le lecteur moyen est de
tous les âges tous les sexes. Le profil du lecteur espagnol est plus
un homme entre 30-50 ans. D'ailleurs les habitudes de lecture sont
plus fortes en France, et en plus, y a plus de respect pour notre
métier qu'en Espagne.
BDS : Vous venez de sortir le tome 2 de Max, Les années 20**. Comment est né ce projet ? Comment travaille-t-on sur une adaptation ?
RdR
: Le projet m'a été proposé par Arturo Pérez-Reverte. Il aime la
BD franco-belge et il avait envie de voire la vie de Max en une BD.
Il avait écrit la ligne générale, une vie pour le personnage qui
était très attachant, mais pas trop évoquée dans son roman, Le
tango de la vieille garde, qui se centrait sur trois
moments de sa vie, sa rencontre avec l'autre personnage du roman,
Mecha Inzunza. On avait donc une ligne générale à respecter, mais
la liberté pour que Salva écrive sa vie. Max n'est
donc pas une adaptation, mais un « spin off ». On
découvre avec la BD, dans le détail de son déroulement dramatique,
comment ça affecte a sa personnalité. Ce qui n'est cité dans le
roman qu'en une seule phrase.
BDS : Manolo Carot, votre fiche Wikipédia indique que vous êtes professeur de BD ? Pouvez-vous nous en dire plus ? Où intervenez-vous ?
MC :
je dois vérifier sur Wikipédia (sic). J'ai enseigné il y a
longtemps ! Je suis tatoueur, illustrateur et dessinateur de
bande dessinée. Je n'ai pas vraiment le temps de faire autre chose.
Vous pouvez retrouver tout mon travail sur mon compte Instagram
(@mabcarot, @manolocarotart).
BDS : Vous multipliez les expériences d’illustration dans différents domaines. Comment choisissez-vous vos projets ?
MC :
J'ai toujours besoin dans mes recherches de quelque chose qui me
ressemble.J'ai toujours des idées, même des mauvaises
que je dois corriger, et j'ai besoin de quelque chose à ce sujet
dans mes histoires. C’est en ce sens, que je recherche toujours des
projets qui m’aident à grandir.
BDS
: Merci Ruben et Manolo pour vos réponses.
RdR,
MC : Merci à vous de votre attention, et de nous avoir choisi
pour le prix !
* aux
éditions Delcourt, 2014.
** aux
éditions du Long bec
*** aux
éditions Tabou
Ruben
Del Rincon (http://rdrart.blogspot.com/)
Manolo
Carot : Instagram (@mabcarot, @manolocarotart)
Propos recueillis par l'équipe Prix Bulles de sport
Propos recueillis par l'équipe Prix Bulles de sport
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