vendredi 17 mai 2019

ENTRETIEN : Les auteurs lauréats nous répondent !!!

Entretien avec Ruben Del Rincon et Manolo Carot
Auteurs de la BD El Boxeador, Prix Bulles de sport 2019

Après l'annonce du Prix Bulles de sport 2019, nous avons demandé aux auteurs de bien vouloir nous en dire un peu plus sur cette BD et sur leur passion du 9e art en général. Les auteurs Ruben del Rincon et Manolo Carot ont été très enthousiastes et nous ont instantanément répondu avec beaucoup de respect et de gentillesse.


Bulles de Sport : Votre album El Boxeador (aux éditions du Long Bec) vient de gagner le Prix Bulles de Sport 2019, récompensant la meilleure BD de sport de l’année. Que vous inspire cette récompense ?
Ruben Del Rincon : Elle m'inspire beaucoup de remerciements [sic], parce que ça veut dire que notre message, notre intention avec ce livre, on est arrivé à le communiquer aux lecteurs. On a travaillé dur depuis le début avec cette BD, cela a été un combat sans arrêt pour qu'elle existe… Alors il y a une part de récompense qui est juste un soulagement pour être arrivés jusqu'ici.
Manolo Carot : C’est une excellente nouvelle, un prix incroyable. Cet album est tellement personnel… Nous y avons mis beaucoup de nous-mêmes. Alors oui les récompenses sont deux fois plus appréciées.



BDS : Pouvez-vous raconter ce projet original d’écriture d’El Boxeador ? Comment est née l’idée de l’album double-face ?
RdR : Manolo (Carot, le co-auteur, N.D.L.R.) et moi faisions des sports de contact à l'époque, et on a souvent discuté de nos expériences. Un jour après un entraînement de boxe, j'ai eu très envie de faire une BD sur la boxe. Je me suis souvenu que Manolo avait travaillé un projet sur un boxeur des années 20, je crois, qui n'avait pas marché… Et du coup comme on avait travaillé déjà ensemble dans un autre BD, l'idée d'en faire une ensemble sur la boxe m'a vachement [sic] motivé ! Du coup, je l'ai appelé en rentrant de la salle de sports, et il a répondu : « super ». Déjà de ce premier appel on avait deux auteurs, deux boxeurs, deux côtes du livre ! Et a partir de là, on a travaillé cette dualité au maximum.
MC : La genèse, c’était l’idée de travailler ensemble, de créer une histoire qui demande le même effort, le même investissement à chacun d’entre nous, un espace pour s’impliquer au même niveau et créer quelque chose à partir de l’illusion d’un enfant.

BDS : Quelles étaient vos influences pour écrire El Boxeador ? Films, BD, romans...
RdR : Plutôt les vrais combats de Boxe et les réelles histoires de boxeurs. Un peu aussi les récits comme Le Bifteck de Jack London, et inconsciemment certainement, les films qu'on connaît tous, même si on a essayé d'y échapper. Pour le dessin, l'idée première était de pas trop réfléchir, de se lâcher… De faire confiance à nos 15 ans d'auteurs professionnels.
MC : Pour moi, le travail du managaka (auteur de manga) Taiyo Matsumoto a été particulièrement important et notamment sa série Le Samouraï bambou. J'ai été très impressionné par la déconstruction/la déformation des pensées, l'expressivité, la substitution de la forme contre les sentiments.

BDS : Quels sont vos BD de sports préférées ?
RdR : Pour moi, je ne sais pas si on peut la considérer comme une BD de sport, mais j'aime bien Max Winson de Jérémie Moreau*.
MC : Touch (connu en France sous le titre de Théo ou la Battle de la victoire) de Mitsuru Adachi. C'est l'un de mes livres préférés de tous les temps et dans tous les styles. Le sport y est un prétexte pour le déroulement du drame.

BDS : En tant que fan de sport, et de boxe en particulier, avez vous des idoles, des modèles sportifs ?
RdR : Moi j'ai pas trop d'idoles sportifs en particulier. J'admire les figures mythiques du sport comme tout le monde, des gens qui nous font rêver avec leur talent, leur génie, et leur beauté plastique…
MC : Beaucoup d'entre eux. Panama Al Brown, mais plus pour son histoire personnelle dramatique. J'adore les frères Klitschko, Manny Pacquiao, Suger Ray Leonard, Thomas «Le Cobra » Hearns.

BDS : Est-ce que vous envisagez de travailler de nouveau sur une thématique sportive ?
RdR : Pourquoi pas ? Pour l'instant on est plutôt engagés avec des histoires qui nous font rêver, mais toujours sans un cadre spécifique. L'histoire demande ses propres cadres, entre des idées de fond et une dynamique intérieur.
MC : Je ne sais pas. Si une idée amusante, nous vient à l’esprit…pourquoi pas !

BDS : Vous êtes avant tout un dessinateur, comment choisissez-vous vos collaborateurs, scénaristes ?
RdR : Bon, ça c'est pas correct [sic], Manolo et moi sommes d'abord et depuis toujours des auteurs plutôt que dessinateurs. On a commencé avec nos propres scénarios dans le même magazine pendant des années. On a continue comme ça toute notre carrière, des fois avec nos scénarios, et des fois au dessin de certains albums. Quand j'ai travaillé avec Morvan, c'est lui qui m'a appelé par exemple. Dans le journal de Spirou, Fred Niffle m'a proposé de travaillé avec Marie Gloris.
Par contre pour les Insoumises**, par exemple, je suis co-créateur du projet, des personnages, et du scénario, mais je ne suis pas engagé dans le dessin. Dans El Boxeador c'est pareil, sauf que le dessin est partagé avec Manolo, et la personnalité des deux personnages a été écrite et affiné par son dessinateur. Dans Cachemire** c'est moi qui écris et dessine, qui colorise (aidé par mon frêre également). Dans L'Ombre de l'Aigle**, même chose, dans les deux tomes de Nassao*** également. Pour Max** c'est la seule fois que c'est moi qui choisis d'être scénariste, je venais de connaître Salva (le scénariste : N.D.L.R.) quelques mois avant… Dans ce rendez-vous il m'avait transmis beaucoup de confiance et professionnalisme… Alors j'ai pensé a lui directement quand j'ai décidé pas scénariser le spin off de Max (Je faisais déjà El Boxeador et Insoumises)... On ne se connaissait pas beaucoup, et maintenant on est très bons amis, grâce à Max!
MC : J’essaie toujours de travailler à ma façon, avec mes propres idées. La réalisation d’une bande dessinée, c’est un travail de longue haleine, alors j’ai besoin de m’approprier l’œuvre, de quelque chose qui m’appartienne dans un sens.

BDS : Voyez-vous des différences entre les lecteurs de BD en Espagne et en France ?
RdR : La principale différence est que en France le lecteur moyen est de tous les âges tous les sexes. Le profil du lecteur espagnol est plus un homme entre 30-50 ans. D'ailleurs les habitudes de lecture sont plus fortes en France, et en plus, y a plus de respect pour notre métier qu'en Espagne.

BDS : Vous venez de sortir le tome 2 de Max, Les années 20**. Comment est né ce projet ? Comment travaille-t-on sur une adaptation ?
RdR : Le projet m'a été proposé par Arturo Pérez-Reverte. Il aime la BD franco-belge et il avait envie de voire la vie de Max en une BD. Il avait écrit la ligne générale, une vie pour le personnage qui était très attachant, mais pas trop évoquée dans son roman, Le tango de la vieille garde, qui se centrait sur trois moments de sa vie, sa rencontre avec l'autre personnage du roman, Mecha Inzunza. On avait donc une ligne générale à respecter, mais la liberté pour que Salva écrive sa vie. Max n'est donc pas une adaptation, mais un « spin off ». On découvre avec la BD, dans le détail de son déroulement dramatique, comment ça affecte a sa personnalité. Ce qui n'est cité dans le roman qu'en une seule phrase. 

BDS : Manolo Carot, votre fiche Wikipédia indique que vous êtes professeur de BD ? Pouvez-vous nous en dire plus ? Où intervenez-vous ?
MC : je dois vérifier sur Wikipédia (sic). J'ai enseigné il y a longtemps ! Je suis tatoueur, illustrateur et dessinateur de bande dessinée. Je n'ai pas vraiment le temps de faire autre chose. Vous pouvez retrouver tout mon travail sur mon compte Instagram (@mabcarot, @manolocarotart).

BDS : Vous multipliez les expériences d’illustration dans différents domaines. Comment choisissez-vous vos projets ?
MC : J'ai toujours besoin dans mes recherches de quelque chose qui me ressemble.J'ai toujours des idées, même des mauvaises que je dois corriger, et j'ai besoin de quelque chose à ce sujet dans mes histoires. C’est en ce sens, que je recherche toujours des projets qui m’aident à grandir.

BDS : Merci Ruben et Manolo pour vos réponses.
RdR, MC : Merci à vous de votre attention, et de nous avoir choisi pour le prix !


* aux éditions Delcourt, 2014.
** aux éditions du Long bec
*** aux éditions Tabou

Ruben Del Rincon (http://rdrart.blogspot.com/)
Manolo Carot : Instagram (@mabcarot, @manolocarotart)


Propos recueillis par l'équipe Prix Bulles de sport

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire